Partenariat ESAD – site de Grenoble / Palais de Tokyo
Ce ce workshop s’est tenu dans le cadre d’une résidence de recherche au Palais de Tokyo. Il revenait sur le débat ouvert dans le contexte français depuis 2020 autour des monuments coloniaux. Certains veulent les déboulonner, d’autres se mobilisent pour les protéger. Mais connaît-on réellement l’histoire de ces statues ? Qui étaient les grands généraux statufiés ? Bugeaud, Gallieni, Marchand, Lyautey, Mangin… Qui a décidé de leur ériger des statues ? Les statues sont-elles des témoins de l’histoire ou de la propagande d’une époque ? Faut-il conserver, déboulonner ou contextualiser nos statues coloniales ? Au fil de promenades dans l’espace public parisien, Seumboy partage les recherches et questionnements qu’il a mis en forme dans les deux premiers épisodes de sa série audiovisuelle Nos statues coloniales (2024).
Seumboy Vrainom :€ est artiste pluriel et polyvalent – militant, instagrameur et apprenti chamane numérique – comme il se décrit. Héritier de l’Histoire coloniale française, il a grandi dans la cité du Luth à Gennevilliers et y a vécu la ségrégation et l’oppression auxquelles sont soumises les populations issues de l’immigration coloniale vivant en France. Il explore la différence entre le discours officiel de la République et la réalité quotidienne dont il est témoin. Son travail sur l’Histoire coloniale l’aide à comprendre sa place dans le monde, à se réapproprier sa légitimité de citoyen français. Il rejoint différents mouvements militants (Afroxploitation, Décoloniser les Arts, Génération Afrotopia et Extinction Rebellion France) tout en réfléchissant à la notion de « militant hors-sol ». Face à une difficulté à se réapproprier la terre, il s’est naturellement plongé dans l’espace numérique. Il déclare: « Je pratique la Numéricosophie, une spiritualité qui propose de construire une cosmogonie incluant la dimension numérique de l’univers. Le but étant de pouvoir penser le poids politique de l’humain dans un dialogue avec des entités dont les performances techniques tendent à nous surpasser ». Tendu entre la singularité technologique et l’effondrement de la société thermo-industrielle, il milite pour une écologie décoloniale. En 2020, il fonde la chaîne Youtube « Histoires Crépues ».