Rehema Chachage (https://rehemachachage.co.tz/) artiste photographe née en 1987 à Dar es Salaam en Tanzanie et actuellement basée à Vienne (Autriche) où elle poursuit un Doctorat en Pratique artistique (PhD in Practice) à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Elle est également titulaire d’une licence en Beaux-arts (2009) de la Michaelis School of Fine Art, University of Cape Town, et d’une Maîtrise en Théorie de l’Art Contemporain (2018) de Goldsmiths, University of London. Le travail artistique de Rehema Chachage, qui a été exposé en 2022 aux Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie, prends comme point de départ la recherche photographique ou les archives photographiques qu’elle hybride constamment avec d’autres médias comme la performance, la vidéo, le texte, l’installation. Sa pratique peut être considérée comme une archive performative qui recueille de manière non conventionnelle des histoires, des rituels et des traditions orales. Rehema retrace des histoires directement liées où se connectant à son matrilignage. Elle utilise des méthodologies qui sont à la fois incarnées et analytiques, en employant des images produites ou trouvées, des textes écrits, des histoires orales et auditives, des mélodies et des reliques de plusieurs rituels rejoués/exécutés comme source de recherche (chansons, noms, recettes, pratiques de construction, rituels de guérison, connaissances scientifiques, etc.).
Kinyumba na Vikuta vya Kupitia
[A home for you I will create, with exit pathways] (2023)
Comment pouvons-nous utiliser la connaissance des expériences migratoires comme guide dans la recherche et la création artistique ? Comment la matérialité peut-elle devenir un moyen de se souvenir ? Comment pouvons-nous réimaginer le foyer comme un concept dont la nature résiste à l’enfermement et comme un espace à la fois solide, fluide et poreux… un espace pour contenir et libérer des sons, des gestes et des souvenirs inavouables… un espace pour la navigation, un espace pour la création, un espace pour le partage, un portail pour les corps migrants qui cherchent à se connecter avec, et au processus de fabrication de la maison et de l’histoire ?
Cette performance part d’une tentative de l’artiste de comprendre pourquoi ses ancêtres matrilinéaires choisissaient les murs de leurs maisons comme lieux de conservation du cordon ombilical d’un enfant. Cette pratique panafricaine qui consiste à enterrer et à préserver le cordon ombilical est censée, dans certaines cultures, relier l’enfant à sa terre, à sa maison et à son avenir dans celle-ci. Pour Rehema Chachage, la maison n’est peut-être pas nécessairement « là où se trouve le cœur ». La maison est peut-être davantage un « sentiment instinctif » : ce sentiment tenace, sans logique ni raison, que l’on éprouve lorsque l’on s’installe à l’étranger. Quelque chose qui a une structure mais aussi des voies de sortie.