Caroline Déodat est artiste et chercheure. Par le biais de films et d’installations, elle explore les dimensions spectrales de l’image en mouvement dans une circulation entre fiction et ethnographie. De ses obsessions pour les processus d’archivage et d’aliénation, l’histoire et les mythes de la violence, elle cherche les moyens d’exhumer des récits par la convocation de mémoires hantologiques, d’archives en différées et d’images orales.
Docteure en anthropologie de l’EHESS, elle a été formée à l’École des Beaux-Arts de Lyon dans le cadre du post-diplôme Art. Son travail a été montré au Musée Reina Sofía à Madrid, aux Résonances de la Biennale d’art contemporain de Lyon, à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo à Turin, au Beursschouwburg à Bruxelles et prochainement, au 67e Salon de Montrouge, à l’IFAN à Dakar.
Sa conférence – séance d’écoute propose de déjouer les cartographies dessinées par les disciplines académiques en mêlant récit autobiographique et ethnographique, analyse critique et fiction, archive sonore et projection de film. C’est entre l’omniprésence du silence et l’ubiquité des archives coloniales que Caroline Déodat donne corps et voix à ses propres recherches sur le séga mauricien.
« Fin 2011, je débarquais sur le terrain à l’île Maurice avec pour unique bagage la théorie qui me rattachait à l’université française et mon nom de famille qui me reliait à cette terre. Si je pouvais aisément m’appuyer sur les textes académiques qui nourrissaient mes recherches, j’ignorais tout de mon nom. – « Quelle anthropologue allais-je devenir ? » Je me retournais vers les origines de ma propre discipline, autant que vers mes propres origines. Quelles sont-elles ? (…) Entre les deux, une rencontre a opéré avec le surgissement d’une question : comment en sommes-nous venu·es à se dire qu’il n’y avait plus rien à raconter, plus rien d’autre à se raconter ? »