Commissariat: Simone Frangi et Katia Schneller en collaboration avec Benjamin Seror et Melis Tezkan
Le deuxième volet de la quatrième édition du Festival des Gestes de la Recherche – imaginée par Simone Frangi et Katia Schneller dans le cadre de l’Unité de Recherche “Hospitalité artistique et activisme visuel pour une Europe diasporique et post-occidentale” de l’Ecole Supérieure d’Art et Design – Grenoble (ESAD) et organisé avec Melis Tezkan et Benjamin Seror – se tiendra respectivement le mercredi 6 mars 2024 au Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN) (www.ccn-grenoble.com/) et le vendredi 8 mars 2024 au Ciel (www.le-ciel.fr). Ces deux soirées viennent clôturer une programmation également composée par deux workshops qui se tiendront dans le cadre de la pédagogie du site de l’ESAD à Grenoble. Le premier intitulé “Gestes et traces” est organisé par Melis Tezkan avec la chorégraphe, danseuse et co-directrice du Centre chorégraphique national, Aina Alegre. Il aura lieu du lundi 4 au mercredi 6 mars 2024 au studio du CCN. Le second est organisé au Ciel par Benjamin Seror avec la DJ tunisienne Deena Abdelwahed. Des rencontres avec les artistes – ouvertes au public – seront organisées avec chacune des invitées à l’ESAD le jeudi 7 mars 2024 et le vendredi 8 mars 2024.
Les pratiques performatives, audiovisuelles, sonores et théoriques que cette IVème édition du Festival rassemble repensent la notion de « maison » à l’aune des dynamiques diasporiques ainsi que des expériences d’exil et d’expropriation coloniale qui ont composé l’Europe contemporaine. La programmation du Festival 2023-2024 vise à remettre en question la notion traditionnelle de “foyer », en proposant de le percevoir davantage, comme le suggère l’artiste Rehema Chachage invitée du premier volet du Festival en novembre 2023, comme un « sentiment instinctif ». Elle contribue en tant qu’outil conceptuel et créatif à la recherche de traces généalogiques qui, par le biais pratiques collaboratives, peuvent nous aider à trouver des liens de « parenté » au-delà des géographies et des assignations territoriales.
Le Festival des Gestes de la Recherche, dont les trois premières éditions ont eu lieu en novembre 2020, 2021 et 2022, propose un moment de production de savoirs et de mise en partage public de la recherche développée dans le cadre de l’Unité de Recherche “Hospitalité artistique et activisme visuel: pour une Europe diasporique et post-occidentale” (www.pratiquesdhospitalite.com). Ce Festival est un format atypique conçu dans le cadre d’une école d’art comme un espace de recherche en acte mettant en dialogue des artistes, des théoricien·nes et des curateur·rices, visant à créer un tissage de gestes de recherche articulant des formes de parole et des expériences dé-hiérarchisant les relations entre théorie et pratique artistique. L’organisation du Festival est aussi un chantier de travail crucial pour les étudiant.es impliqué.es dans le nouveau Master “Holobionte. Pratiques visuelles, expositions et nouvelles écologies de l’art” de l’Option Art de l’ESAD Grenoble (www.holobionte-grenoble.com).
Le deuxième volet du Festival des Gestes de la Recherche est organisé par l’ESAD Grenoble-Valence en partenariat avec le CCN et le Ciel et avec le soutien du Ministère de la Culture.
À l’intersection de la dépolitisation et de la néolibéralisation du concept de « self-care », ainsi que de la normalisation de la mise en scène marketing de soi sur les réseaux sociaux, le chez-soi, pourtant associé à la sphère privée, a une présence publique constante. Une présence qui, à travers les images (réunions Zoom, réseaux sociaux, influenceurs, téléréalité), mais aussi dans le discours en tant qu’espace refuge, retranchement, est un lieu qui doit être « curated » pour produire une esthétique pour se distinguer et prendre soin de soi. Enfin le chez-soi est également le lieu de bataille politique féministe, en tant qu’espace domestique et de la domesticité. C’est sur ces deux derniers aspects que Fania Noël propose de déployer une réflexion à l’intersection des Critical Black Theories et de la sociologie de l’espace. Elle examinera les limites du concept d’espace privé en tant que proposition néolibérale de self-care et de retrait, à la lumière de la pensée des théoriciennes des Black Feminist Geographies (Carolyn Finney, Ruth Wilson Gilmore, Katherine McKittrick, bell hooks, Sylvia Wynter…). Le but est d’éclairer les façons dont le chez-soi, en plus d’être lié aux conditions matérielles d’existence et d’accès aux ressources, relève d’un mythe lié à l’illusion des frontières entre le public et le privé. La race, la classe et le genre influencent sa possibilité d’être un lieu de refuge, et même lorsqu’il peut l’être, c’est toujours conditionnel et suspendu à la volonté d’extension/rétraction du pouvoir. Son analyse partira des marges, des femmes noires, pour éclairer plus généralement comment la question du chez-soi est investie dans les discours/politiques féministes.
Gratuit, réservation en ligne : Weezevent (ccn-grenoble.com)
Militante, sociologue et essayiste Afroféministe, Fania Noël termine son doctorat en sociologie à The New School for Social Research (NY). Ses domaines de recherche sont les Global Critical Black Studies, les théories féministes Noires, la sociologie politique et les études culturelles. En parallèle de ses recherches, elle contribue à diverses publications grand public offrant son analyse sur la condition Noire, les féminismes, les mouvements politiques et la science-fiction.
Parmi les projets dont elle est à l’initiative: la revue politique AssiégéEs qu’elle co-fonde en 2015 et l’anthologie féministe haïtienne Alaso en 2021 dont elle est directrice de publication.
Son second livre, Et Maintenant le pouvoir. Un horizon politique afroféministe est paru en 2022 aux Éditions Cambourakis. Actuellement, elle travaille à la rédaction de son prochain livre prévu pour l’hiver 2024.
Ce premier long métrage de l’artiste visuel et cinéaste Inas Halabi se concentre sur la minorité religieuse que constitue les Druzes dans la Palestine occupée. Il se déroule dans la ville druze de Dalyet el Carmel, dans le nord de la Palestine, et entraîne le spectateur dans un monde d’isolement géographique, façonné par la coercition et le contrôle. En tissant des liens intimes avec des membres de la communauté, dans des espaces domestiques partagés et des environnements extérieurs, le film explore la manière dont la politique intérieure des Druzes a été contrôlée et remodelée à la suite de la création d’Israël en 1948. Le film s’inspire de la théorie du paysage (fûkeiron), un mouvement cinématographique japonais d’avant-garde des années 60, dans lequel les cinéastes affirmaient que filmer l’environnement quotidien révélait les paysages oppressifs et répressifs et les pouvoirs en jeu.
Gratuit, réservation en ligne : Weezevent (ccn-grenoble.com)
Inas Halabi (née en 1988 en Palestine) est artiste et cinéaste. Sa pratique s’intéresse à la manière dont les formes sociales et politiques du pouvoir se manifestent et à l’impact que les histoires négligées ou supprimées ont sur la vie contemporaine. Ses expositions et projections récentes incluent Hot Docs Canadian International Documentary Festival (2023), de Appel Amsterdam (2023), Showroom London (2022), Europalia Festival, Bruxelles (2021), Silent Green Betonhalle, Berlin (2021) ; Stedelijk Museum, Amsterdam (2020) ; et Film at Lincoln Center, USA (2020). Elle vit et travaille entre la Palestine et les Pays-Bas.
https://halabinas.com/Work
Les nouveaux épisodes du podcast du collectif Zones Floues avec des artistes invité·es seront diffusés dans le cadre du Festival des Gestes de la Recherche. Zones Floues est un espace de dialogue et d’écoute néo-anti-raciste réalisé dans les salons des membres du collectif à Grenoble. Né de l’initiative de trois artistes grenoblois·es (Aïda Diop, Östran Merabti et Amar Ruiz) et de la volonté d’un espace intime, en non mixité racisæs et local, y sont abordés les problématiques liées au racisme et pas que -psychophobie, classisme, sexisme, etc- la lutte intersectionnelle avec comme points d’entrée le racisme, le colonialisme et l’impérialisme. Voir:
https://audioblog.arteradio.com/blogger/25825/zones-floues
Aïda Diop est néx en 1992, vit à Grenoble et mène des ateliers artistiques à l’attention de publics adolescents, étudiants et incarcérés. Aïda questionne les notions identitaires, les stratégies de résistance et de soin collectif à travers la performance et le rituel. Iel explore le corps et l’intime comme des laboratoires et territoires du sensible et de l’archétype.
Östran Merabti est née en 1991 et travaille à partir de l’écriture, qu’elle déplace vers la voix et l’image mouvante. Ses enquêtes poétiques, bien que multiples, tendent à explorer les nœuds et les langages des absences, des deuils et des transmissions diasporiques. Il est question de bricoler des ponts où pourront émerger des narrations collectives, à l’appui de formes documentaires et expérimentales.
Amar Ruiz est né en 1998 à Grenoble. C’est en manipulant la musique et la voix qu’il parle des personnes derrière l’Histoire, de celles qui ont été oubliées. En essayant d’écrire une histoire sensible, le passé devient un moyen de parler du présent. Son travail s’intéresse plus particulièrement à la diaspora algérienne en France.
Fania Noël: Militante, sociologue et essayiste Afroféministe, Fania Noël termine son doctorat en sociologie à The New School for Social Research (NY). Ses domaines de recherche sont les Global Critical Black Studies, les théories féministes Noires, la sociologie politique et les études culturelles. En parallèle de ses recherches, elle contribue à diverses publications grand public offrant son analyse sur la condition Noire, les féminismes, les mouvements politiques et la science-fiction.
Parmi les projets dont elle est à l’initiative: la revue politique AssiégéEs qu’elle co-fonde en 2015 et l’anthologie féministe haïtienne Alaso en 2021 dont elle est directrice de publication.
Son second livre, Et Maintenant le pouvoir. Un horizon politique afroféministe est paru en 2022 aux Éditions Cambourakis. Actuellement, elle travaille à la rédaction de son prochain livre prévu pour l’hiver 2024.
Productrice et DJ Tunisienne, Deena Abdelwahed a signé avec le label parisien InFiné plusieurs disques, dont « Khonnar » (2018) et « Dhakar » (2020). Ses explorations sont des tentatives pour se réapproprier les éléments qui forment la diversité de la musique arabe et sont influencées autant par la musique des Clubs que par la scène expérimentale actuelle. En Live set ou en DJ set, Deena Abdelwahed a joué notamment au Sonar Festival en Espagne, au CTM Festival à Berlin, au Mutek Festival à Mexico et dans des clubs comme Concrete à Paris, le Berghain à Berlin et Mutabor à Moscou.
45 places gratuites sont ouvertes pour les étudiant·es de l’ESAD. Pour en bénéficier, les étudiant·es de l’ESAD sont invité·es à s’inscrire sur ce lien ici.