La recherche de Christian Nyampeta s’intéresse aux questions d’individualité, de convivialité, et d’industrialité. Ses projets en cours prennent la forme de pratiques migratoires et performatives, incluant des conférences publiques et des écrits, des structures spatiales, des essais, ainsi que des produits de consommation basiques (bière, savon, pain), destinés à produire des formes alternatives d’« échange » et d’« hospitalité ». L’artiste met ainsi sa recherche artistico-philosophique à l’épreuve de manières de vivre ensemble apparues suite à des conflits irrésolus. Pour Christian Nyampeta, réfléchir sur la manière de vivre individuellement revient à réfléchir sur la pratique du « vivre ensemble ». Sa recherche artistique vise à développer un imaginaire capable de mettre en mouvement et d’appréhender de manière critique la part statique et connue des formes de vie qui se cristallisent dans la société. En proposant d’élaborer des études inhabituelles du quotidien, sa démarche permet d’en faire entrevoir les dimensions éthique, esthétique, sociale et politique. La présentation audio-visuelle qui se tiendra au Magasin prendra comme point de départ une sélection de séquences d’un film en permanente élaboration, fait à partir de fictions élaborées lors de workshops, et de conversations entre l’artiste et des philosophes d’espaces culturels et géographiques variés. De ces conversations, émerge la question de savoir comment partager le monde : comment créer des ressources, de l’espace et du temps, avec un point de vue resserré sur le phénomène de l’idiorrythmie. Tandis que les orientations politiques de ces philosophes pourraient se diviser le long de leurs lignes idéologiques respectives, l’interlocution avec eux compose un « groupe d’études » réseau, dont le sujet déborde les préoccupations des dialogues. La présentation esquissera l’idée d’une « communauté de pratiques » autrement improbable, émanant de la constitution d’une « grammaire partagée ». Au cours de la soirée, la figure de l’« idios » se dégagera comme une dimension éthique et une pratique pour habiter et partager le monde, à l’encontre du discours dominant d’aujourd’hui et de la rhétorique de la guerre. L’Idios (qui signifie quelque chose de particulier, de privé ou à soi, et qui est également à l’origine du mot idiot) occupe à la fois l’horizon d’un « repos actif » qui, bien que difficile à atteindre, est commun à tous, et de l’« étude », c’est-à-dire, de l’acte d’aimer le soi et le monde. La discussion publique pourra donner lieu à un échange sur les outils « conviviaux » résultant de cette présence au monde que produit l’attention à soi : « une fiction théorique » et « une philosophie pratique », qui peuvent être utilisées comme des instruments dans notre lutte quotidienne contre les formes mineures et majeures d’injustice.