Dans le cadre du workshop d’Alex Martinis Roe « Généalogies et générations – Affirmation de la différence dans la pratique artistique et politique », avec les élèves de l’ÉSAD et de l’Ecole du Magasin, une soirée se tiendra au MAGASIN autour de la pratique de l’artiste d’origine australienne. Elle est organisée par Simone Frangi et Katia Schneller, professeurs de théorie et d’histoire des arts à l’ÉSAD •Grenoble.
Pour son doctorat, Alex Martinis Roe s’est initialement intéressée à la contribution du féminisme compris comme une méthodologie artistique à une politique de la différence. Sa recherche se concentre à présent sur la relation généalogique existant entre les féminismes de la différence sexuelle et la pratique féministe du courant philosophique qui s’est récemment fait connaître sous l’appellation de « nouveau matérialisme ».
Comme en témoignent les deux films présentés au cours de la soirée, It Was an Unusual Way of Doing Politics: There Were Friendships, Loves, Gossip, Tears, Flowers… (2014) et A Story from Circolo della Rosa (2014), l’un des enjeux de la pratique artistique d’Alex Martinis Roe est de mettre en relation différentes générations de théoriciennes, artistes et militantes, pour imaginer comment leur rencontre pourrait informer de nouvelles pratiques politiques. Afin de résister à la fragmentation croissante que traverse le féminisme depuis les années 1990 et qui menace de fossiliser l’héritage du mouvement des femmes, l’artiste met en avant le “passé féministe” comme une force toujours active. En usant de temporalités non-linéaires et de processus de re-enacting et de re-working, elle provoque des « rencontres discursives » entre les différents discours et générations féministes qui se trouvent convoquer dans son travail. L’appropriation devient ainsi une stratégie artistique qui, potentiellement « affirmative » et « constitutive », réorganise généalogiquement l’histoire et ouvre de manière performative de possibles avenirs féministes.