Invitation faite dans le cadre l’Unité de recherche “Hospitalité artistique et activisme visuel pour une Europe diasporique et post-occidentale” (2019-2023) menée par la plateforme de recherche Pratiques d’hospitalité. Le workshop est organisé en partenariat avec le MAC/VAL (Vitry-sur-Seine).
These so-called ‘traditional’ dances stand in fact as creative social devices to visualize and intervene into socio-environmental relations, stressing the interdependence between all life forms in this mountainous region (Alessandro Questa)
Le workshop d’Amanda Piña – chorégraphe et danseuse mexico-chilienne basée à Vienne – est proposée en partenariat avec le MAC VAL et se focalise sur le potentiel politique et social du mouvement. Amanda Piña a étudié le théâtre physique à Santiago du Chili et la danse contemporaine à Barcelone, Salzbourg et Montpellier. Depuis 2005, elle travaille avec le plasticien et réalisateur suisse Daniel Zimmermann sous le label nadaproductions. En 2009, ils fondent nadalokal à Vienne, un espace expérimental d’art et de performance. La pratique de l’artiste vise à imaginer des rituels corporels pour déjouer les séparations idéologiques dangereuses entre moderne et traditionnel, humain, animal et végétal, ou encore nature et culture. Il s’inscrit dans la suite de ses recherches visant à attaquer depuis la danse la matrice destructrice du discours capitaliste et colonial. Contre la vitesse à laquelle s’uniformisent les façons de penser et d’agir, elle propose un retour vers des gestes et des pratiques indigènes “altérisées”, ancrées des espaces et des géographies invisibilisées. En explorant une “chorégraphie de frontière” où la culture hip-hop, les contes coloniaux et contre- coloniaux, les pratiques autochtones et le mysticisme s’entremêlent, Amanda Piña nous rappelle que la frontière n’est pas seulement un lieu mais aussi inscrite dans les corps, Ainsi, les corps eux- mêmes portent avec eux ces frontières – certaines plus que d’autres. Le workshop proposé aux étudiant.es de l’ESAD tire son titre de “Climatic Dances” , cinquième volet de Endangered Human Movements, un projet de recherche à long terme que Amanda Piña a consacré à la disparition actuelle de la diversité bio-culturelle (https://nadaproductions.at/ projects/endangered-human-movements). Inspiré par le travail de l’anthropologue mexicain Alessandro Questa et par deux danses des hauts plateaux du Nord de Puebla, qui sont jouées aujourd’hui par les peuples indigènes Masewal dans un contexte de changement climatique et d’exploitation minière, le workshop cherche à offrir une pratique incarnée d’écologie décoloniale. En approchant la Montagne comme métaphore de la Terre et en retraçant les transformations des notions de Terre à travers différentes généalogies historiques, épistémologies et cadres ontologiques, le workshop pose la pensée indigène au centre du travail physique en la considérant comme une référence fondamentale dans le processus de réinvention des liens entre êtres vivants, effacés ou démembrés par la modernité coloniale. Climate Dances est un tissage poétique de différents éléments, écrits et incarnés, rationnels et magiques, pour fabuler avec de nouvelles manières dans lesquelles l’art peut devenir une forme collective de relation et de soin du monde vivant.