Nous étions 100 000 [Présentation du projet de résidence de recherche au Magasin – Salle pédagogique]
Nous étions 100 000 est un projet qui prend comme point de départ la marche « Pour l’Égalité et Contre le Racisme ». Cette marche peut être historiquement considérée comme la première marche antiraciste des descendant·es d’immigré·es des anciennes colonies françaises. Initiée en 1983, la marche sera plus connue sous le nom de « La Marche des Beurs » en raison de la une de Libération. En titrant « Paris sur Beurs », le journal Libération fait entrer la marche dans l’histoire tout en l’invisibilisant.
En effet, dans la marche figuraient des descendant·es de tirailleurs sénégalais, maliens, comoriens, et également des femmes. La marche pour l’Égalité et Contre le Racisme est l’une des plus grandes marches antiracistes qu’a connue la France et a eu une très grande importance dans l’acquisition de droits pour les immigré·es issu·es des anciennes colonies françaises (régularisation de statut de travailleur·ses algérien·nes toujours en suspens, possibilité de titre de séjours supérieur à deux ans, promesse de lois pour l’égalité au logement et travail, etc.). Pourtant, celle-ci reste très méconnue dans le récit national, et n’est pas enseignée à l’école publique.
Le projet Nous étions 100 000 vise à revenir sur l’origine du mot “beurs” qui continue de définir la culture maghrébine, mais aussi à se poser la question de comment continuer à transmettre et célébrer une partie de l’histoire des minorités. Comment ramener et rendre visible nos ancêtres qui ont participé activement à cette marche importante pour les droits des immigré·es et leurs descendant·es ? Comment les stratégies de langages et de rassemblement continuent à être utilisées pour les manifestations d’aujourd’hui comme dans le cas des manifestations nationales initiées par “Vérité pour Adama Traoré” suite au meurtre de George Floyd et aux projets de lois sécurité globale? Pour ce faire, ce projet s’appuie sur un travail d’archives mais vise aussi par la réalisation d’une banderole brodée et d’une collaboration avec une chorale à réinterroger collectivement cette mémoire depuis notre présent.
La série de deux vidéos Les vendeuses d’orange analyse les codes de représentation de la peinture orientaliste. La modèle Séréna Bannani rejoue pour ce faire les tableaux d’Enrique Serra y Auque de 1908 et de François-Alfred Delobbe entre 1850 et 1920 qui représente des vendeuses d’orange dans un décor oriental, sans ne s’être jamais rendu en Afrique du Nord. La description des tableaux en voix off vient marquer les écarts avec leurs reenactement et guide le/la spectateur·rice dans une déconstruction du regard.
Se présentant comme une descendante de la “deuxième génération d’immigré.es nord-africains” et une habitante des cités, l’artiste Cindy Bannani a initié son travail à partir de la nécessité de redécouvrir l’héritage d’une histoire familiale complexe. Elle s’est ainsi concentrée sur la visibilité et la particularité des histoires appartenant aux minorités et de leurs liens avec un passé colonial. Sensible aux problématiques liées à l’image et aux langages souvent utilisés comme outils de domination et d’assimilation, sa volonté est de créer, à travers ses différents projets artistiques, des espaces d’empowerment où une appropriation de ces instruments est possible. Diplômée de l’ESAD – site de Grenoble et de la Haute Ecole d’Art de Berne, Cindy Bannani a reçu la bourse des arts plastiques de Grenoble en 2019. collaboré avec la Fondation Kadist et présenté son travail aux Labos d’Aubervilliers ainsi aux Ateliers de la Ville de Marseille sous la forme de l’exposition solo “Je ne sais plus parler l’arabe” organisée par Samir Laghouati-Rashwan. Elle collabore actuellement avec la galerie Imane Farès et son travail fait partie de la collection publique de l’université du Canton de Berne.
Nous étions 100 000 is a project that takes as its starting point the march « For Equality and Against Racism ». This march can be considered historically as the first anti-racist march of the immigrants descendants from former French colonies. Initiated in 1983, the march will be better known under the name of « La Marche des Beurs » because of the headline of Libération. With the headline « Paris sur Beurs », the newspaper Libération made the march part of history while making it invisible.
Indeed, the march included descendants of Senegalese, Malian and Comorian riflemen, as well as women. The march for Equality and Against Racism is one of the biggest anti-racist marches that France has ever known and has been very important in the acquisition of rights for immigrants from former French colonies (regularization of the status of Algerian workers still pending, possibility of residence permits longer than two years, promise of laws for equality in housing and work, etc.). However, this history remains largely unknown in the national narrative, and is not taught in public schools.
Nous étions 100 000 aims to revisit the origin of the word « beurs » which continues to define Muslim culture in France, but also to ask the question of how to continue to transmit and celebrate a part of the history of minorities. How do we bring back and make visible our ancestors who actively participated in this important march for the rights of immigrants and their descendants? How do the language and gathering strategies continue to be used in today’s demonstrations as in the case of the national demonstrations initiated by « Truth for Adama Traoré » following the murder of George Floyd and the proposed global security laws? To do this, this project relies on archival work but also aims by the realization of an embroidered banner and a collaboration with a choir to collectively reinterrogate this memory from our present.
The series of two videos Les vendeuses d’orange analyzes the codes of representation of Orientalist painting. The model Séréna Bannani reenacts the paintings of Enrique Serra y Auque from 1908 and François-Alfred Delobbe between 1850 and 1920 that represent orange sellers in an oriental setting, without ever having been to North Africa. The description of the paintings in voice-over comes to mark the gaps with their reenactement and guides the spectator in a deconstruction of the gaze.
Identifying herself as a descendant of the « second generation of North African immigrants » and a resident of the suburb projects, the artist Cindy Bannani initiated her work from the need to rediscover the heritage of a complex family history. She thus focused on the visibility and particularity of the histories belonging to minorities and their links with a colonial past. Sensitive to issues related to image and language often used as tools of domination and assimilation, her desire is to create, through her various artistic projects, spaces of empowerment where an appropriation of these instruments is possible. She graduated at ESAD – Grenoble and at Haute Ecole d’Art in Bern, Cindy Bannani received the Grenoble Art Scholarship in 2019. She has collaborated with the Kadist Foundation and presented her work at the Labos d’Aubervilliers as well as at the Ateliers de la Ville de Marseille in the form of the solo exhibition « I don’t know how to speak Arabic anymore » organized by Samir Laghouati-Rashwan. She currently collaborates with Imane Farès gallery and her work is part of the public collection of the University of the Canton of Bern.