Paysages [Exposition – Galerie expérimentale]
Au cœur des formes et des matériaux manipulés et constamment recombinés par Binta Diaw au cours de ses cinq dernières années de production, se trouve une préoccupation insistante et non littérale pour la liberté, ses concepts multiples et ses émergences variables, qu’elle exprime sous forme de résistance, d’autodétermination ou d’alliance. Liberté donc non pas comme absolue, comme individuelle, comme propriété privée, mais avant tout comme relationnelle, sur le modèle d’une autre pensée, plus spécifique, de l’émancipation. Dans sa première exposition personnelle à Prometeo Gallery, Binta Diaw matérialise cette réflexion complexe dans l’espace d’exposition à travers la figure synthétique de la mangrove (dont l’enchevêtrement était historiquement un abri à marrons), qui pour Gauthier Tancons représente physiquement une révolution épistémologique contre la blancheur qui a structuré la modernité coloniale et, par extension coloniale, également le Sud global. Pour Diaw, la croissance symbiotique des mangroves est l’architecture d’une collectivité d’alliance qui procède toujours ensemble et par références d’interconnectivité. Tout comme Rivers Solomon qui célèbre, dans son roman The Deep, ce monde sous-marin né des héritiers et des héritières des femmes enceintes jetées dans l’Atlantique par les navires négriers de la déportation, Binta Diaw célèbre ce monde chthonique et pourtant supra-marin rendu possible par la morphologie du palétuvier, qui reproduit ses longues racines souterraines dans la structure en miroir de ses branches nues tendues vers le ciel. La plage de mangrove de Binta Diaw évoque la possibilité d’être enracinée malgré le mouvement. Ou plutôt, à cause de celui-ci.
Binta Diaw est une artiste sénégalaise et italienne née en 1995 à Milan en Italie. Binta Diaw vit et travaille actuellement à Milan en Italie. Binta Diaw est diplômée de l’Accademia di belle arti di Brera di Milano à Milan ainsi que de l’École d’Art et de Design de Grenoble en France. En 2022, Binta Diaw est la première lauréate du prix franco-italien Pujade-Lauraine. Souvent déployées sous la forme d’installations aux dimensions variées, les recherches plastiques de Binta Diaw s’inscrivent dans une réflexion philosophique sur les phénomènes sociaux qui définissent notre monde contemporain tels que la migration, la notion d’appartenance ou encore la question du genre. Terre, craie, cordes mais aussi cheveux synthétiques ou encore drapeaux roulés sont quelques unes des matières qui forment le langage plastique de l’artiste. Binta Diaw accorde dans ses œuvres une grande place à l’expérience physique et sensorielle, obligeant le spectateur à reconnaître sa place au monde et le lieu de son expérience face à l’oeuvre. L’artiste n’a de cesse de remettre en question la domination d’une perspective eurocentrée. Nourrissant sa quête des apports de l’intersectionalité et du féminisme, Binta Diaw nous entraîne dans l’exploration des multiples couches de l’identité ; la sienne en tant que femme noire dans un monde européannisé ; la nôtre et celle d’un continent à la croisée de l’histoire et des géographies.
Expositions récentes : Bellezza e Terrore: luoghi di colonialismi e fascismi, Museo Madre di Napoli, Napoli (Italie, 2022), The Land of Our Birth is a Woman, Centrale Fies, Dro (Italie, 2022), Toolu Xeer, Galerie Cécile Fakhoury, Dakar (Sénégal, 2022), Les tirés ailleurs, Bungalow ChertLüdde, Berlin (Allemagne, 2022), Segni di Me, Casa Testori, Milan (Italie, 2022), The Recovery Plan, devoir de mémoire à l’italienne, Institut Culturel italien, Paris (France), A Living Experience of Feeling Listened, Lungomare, Bolzano (Italie, 2021), Nero Sangue, Museo MA*GA, The Recovery Plan, Gallarate (Italie, 2020), Soil is an inscribed body à Savvy Contemporary (Berlin, 2019).
Pour plus d’informations, voir
https://www.bintadiaw.com/
At the heart of the forms and materials manipulated and constantly recombined by Binta Diaw over the last five years of her production is an insistent and non-literal preoccupation with freedom, its multiple concepts and variable emergences, which she expresses as resistance, self-determination or alliance. Freedom, then, not as absolute, as individual, as private property, but above all as relational, on the model of another, more specific, thought of emancipation. In her first solo exhibition at Prometeo Gallery, Binta Diaw materializes this complex reflection in the exhibition space through the synthetic figure of the mangrove (whose tangle was historically a chestnut shelter), which for Gauthier Tancons physically represents an epistemological revolution against the whiteness that has structured colonial modernity and, by colonial extension, also the global South. For Diaw, the symbiotic growth of mangroves is the architecture of a covenantal community that always proceeds together and by references of interconnectedness. Just as Rivers Solomon celebrates, in his novel The Deep, that underwater world born of the heirs and heiresses of the pregnant women thrown into the Atlantic by the slave ships of deportation, Binta Diaw celebrates that chthonic yet supra-marine world made possible by the morphology of the mangrove tree, which replicates its long subterranean roots in the mirrored structure of its bare branches stretched skyward. Binta Diaw’s mangrove beach evokes the possibility of being rooted despite movement. Or rather, because of it.
Binta Diaw is a Senegalese and Italian artist born in 1995 in Milan, Italy. Binta Diaw currently lives and works in Milan, Italy. Binta Diaw is a graduate of the Accademia di belle arti di Brera di Milano in Milan and of the École d’Art et de Design de Grenoble in France. In 2022, Binta Diaw was the first recipient of the Franco-Italian Pujade-Lauraine Prize. Often deployed in the form of installations of various dimensions, Binta Diaw’s plastic research is part of a philosophical reflection on the social phenomena that define our contemporary world, such as migration, the notion of belonging and the question of gender. Earth, chalk, ropes but also synthetic hair or rolled flags are some of the materials that form the plastic language of the artist. Binta Diaw places great emphasis on the physical and sensory experience in her works, forcing the viewer to recognize his place in the world and the place of his experience in front of the work. The artist is constantly challenging the dominance of a Eurocentric perspective. Nourishing her quest with the contributions of intersectionality and feminism, Binta Diaw takes us on an exploration of the multiple layers of identity; hers as a black woman in a Europeanized world; ours and that of a continent at the crossroads of history and geographies.
Recent exhibitions : Bellezza e Terrore: luoghi di colonialismi e fascismi, Museo Madre di Napoli, Napoli (Italy, 2022), The Land of Our Birth is a Woman, Centrale Fies, Dro (Italy, 2022), Toolu Xeer, Galerie Cécile Fakhoury, Dakar (Senegal, 2022), Les tirés ailleurs, Bungalow ChertLüdde, Berlin (Germany, 2022), Segni di Me, Casa Testori, Milan (Italy, 2022), The Recovery Plan, devoir de mémoire à l’italienne, Italian Cultural Institute, Paris (France), A Living Experience of Feeling Listened, Lungomare, Bolzano (Italy, 2021), Nero Sangue, Museo MA*GA, The Recovery Plan, Gallarate (Italy, 2020), Soil is an inscribed body at Savvy Contemporary (Berlin, 2019).
For more information, see
https://www.bintadiaw.com/